On entend souvent les journalistes, les enseignants et les dirigeants s’interroger sur les caractéristiques des jeunes issus de la génération Y : respectent-ils l’entreprise comme leurs aînés l’ont respectée?
Bien sûr immédiatement après, la question qui pointe serait de se demander si ce sera pire avec la génération Z qui sort des collèges ?
Il me semble que la question du respect se doit d’être interrogée d’abord depuis l’angle du respect d’autrui, ainsi je voudrais ici poser la question suivante :
Nos dirigeants témoignent-ils du « bon « respect à l’intérieur de l’entreprise ?
En théorie, oui, mais en pratique de quel respect parlons-nous?
Parcourons ensemble une échelle sur différents niveaux de respect vis-à-vis d’autrui, échelle, dont le premier barreau serait constitué du degré zéro du respect.
Ce niveau là, vis à vis des collaborateurs par exemple, consiste à les tenir « en respect » c’est à dire littéralement, dans un état de soumission. Inutile d’en détailler les éléments tant cette posture a pu longtemps exister et de ce fait, résonne-t-elle clairement aux oreilles de ceux qui en ont fait l’expérience!
Ce que je veux dire ici c’est que quand il perdure, ce degré zéro ne provoque pas l’adhésion, surtout chez des acteurs de plus en plus réactifs, connectés et informés !
Ensuite, je propose de distinguer quatre grands niveaux :
1. Le respect des droits
Il y a des lois, on doit les respecter. C’est ici un angle très collectif, je dirige et je respecte l’ensemble des acteurs.
2. Le respect des individus
Ce niveau se résume à respecter un collaborateur dans son état d’individu. C’est une attitude individuelle de bienveillance. C’est, par exemple, un chef capable de faire la différence d’un individu à l’autre. On aborde alors l’intelligence fine, qui a reconnu que derrière les rôles il y a des êtres humains. Ne croyons pas cet état si fréquent, encore beaucoup de responsables ont été formés pour ne pas franchir cette barrière de l’individualité, au nom souvent de la pudeur mais aussi des règles antédiluviennes du management répétées à l’envi sans avoir été challengées !
3. Le respect de la fragilité de l’autre
C’est à-dire respecter même ce qui dérange chez l’autre. C’est une forme beaucoup plus rare de respect qui se caractérise par une attitude d’écoute et de bienveillance, et tient compte de l’état d’esprit de l’autre, de son stress éventuel. Le leader qui sait témoigner de ce niveau là, montre une forme de doute personnel et d’humilité… C’est l’un des éléments qui me semble faire le plus défaut aujourd’hui.
4. Le respect extrême
Très rare, il s’exprime lorsque la vie de l’autre est en danger. Il est plus à l’œuvre dans les organisations de l’extrême.
Je terminerai par cet usage qui nous viens de la rue et que la génération Y pratique et qui consiste à montrer sa satisfaction lorsque la relation avec autrui a été de bonne qualité, ne dit-on pas alors : » Respect !!! »
3 réflexions au sujet de « Avons-nous définitivement perdu la notion de « Respect » dans l’entreprise ? »
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Cet article est intéressant et montre, si tant est que cela soit nécessaire, que travailler avec des humains n’est pas aussi simple que de donner des instructions à une machine. Certains ont oublié, ou même jamais intégré, que la nature humaine nécessite le respect des autres, Avec près de 30 ans de vie professionnelle, je témoigne que les dirigeants qui ont compris cette notion de respect et d’écoute active du collaborateur ont fait bien plus de chemin que des managers autoritaires et sans déontologie. Peut être est-cela que l’on appelle « charisme » ? Ah… la belle génération Y… celle qui surfe sur son dynamisme d’éternel adolescent… Respect ! Respect ?La question du respect entre dirigeant et dirigé ne doit-elle pas être toujours présentée comme bi-directionnelle ?N’envisager les différents niveaux de respect que du point de vue du « leader » envers ses collaborateurs, n’est-ce pas occulter à ces derniers qu’ils ont aussi un pouvoir, un devoir, même, de réflexion sur le respect qu’il témoignent -ou non- à leurs managers et leurs collègues ?Les « acteurs de plus en plus réactifs, connectés et informés » apparaissent souvent bien irrespecteux à certains égards, et ce pour ces mêmes niveaux présentés dans l’article : non respect des lois, ignorance de l’individu qu’est le manager, peu de bienveillance envers la fragilité de l’autre… Mais écoutons-la, la génération Y, en faisant tomber les barrières de la hierarchie et parlons donc respect, oui, mais au niveau de tous les acteurs de l’organisation, sans opposer « dirigeants » et « acteurs », et personne ne sera « tenu en respect »…
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Bien cher Pierre,
Merci pour cette entrée traitant du respect. C’est un élément important de notre vie en général et de notre environnement professionnel.
L’aborder par le biais de la génération Y est intéressant. Déjà 4 siècles avant JC, Platon disait : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les Maîtres tremblent devant les élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne voient plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors, en toute jeunesse et en toute beauté, c’est le début de la tyrannie.»
L’incompréhension du comportement des jeunes est une constante millénaire. Il semble que que l’on ait une tendance à considérer comme irrespectueux celui que l’on ne comprend pas.
Pour ma part, le respect est la première étape qui vers la construction de la confiance, si nécessaire dans notre monde professionnel. Il intègre la notion de Liberté, liberté de pensée, de créer… Je suis prêt à entendre quelqu’un qui n’est pas d’accord avec moi, ou à le laisser faire quelque chose qui me semble a priori inutile. Je n’ai pas la prétention de la science infuse et d’autre chemin que ceux que j’imagine peuvent nous faire progresser.
Pour autant, je ne suis pas prêt d’accepter n’importe quoi. Je n’accepte pas ce qui a pour intention de nuire (même maquillé par une belle argumentation). Je respecte l’individu, même son intention de me nuire, mais il en supporte les conséquences : 1- je ne l’accepte plus à mes cotés, 2- il perd ma confiance 3-… Que puis-je fais avec quelqu’un qui cherche à me nuire ou à nuire au travail du groupe ?
Il suivra son chemin sans nous. Je distingue donc respect et acceptation.
Bon courage et bonne continuation à vous.